Comme l'établit François Vigneau (Les
espaces du sport, Paris, Que Sais-je ?, 1998), la géométrie des espaces
est étroitement liée à la finalité des sports et aux aspirations des hommes.
Or ces deux paramètres évoluent dans le temps. Si des archétypes ont traversé
les siècles, tels le stade ou encore l'arène, ces modèles architecturaux
ne sont pas pour autant de simples transpositions des bâtiments antiques
: le stade et l'amphithéâtre contemporains sont conçus pour correspondre
aux besoins spécifiques des pratiquants du sport et des spectateurs d'aujourd'hui.
4.1 Pourquoi des équipements sportifs modernes ?La notion d'équipement sportif est étroitement liée à la conception même du sport :
4.2 Les lieux d'entraînements et de loisirsLes espaces du sport ne se réduisent pas aux lieux
des compétitions : depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours, l'athlète
s'entraine au gymnase. En revanche, les thermes ne sont plus des lieux
d'entraînement sportif, comme ils l'étaient dans la Rome antique.
Ce sont des lieux de soin et de rééducation.
4.2.1 Le gymnase antique : un lieu plurifonctionnelAutrefois, dans l'Antiquité grecque, le gymnase était
le lieu de l'entraînement des athlètes de haut niveau : il comportait
plusieurs espaces d'exercices, soit abrités par un portique (toiture
soutenue par des rangées de colonnes), soit clos et couverts pour
protéger les athlètes des intempéries et de la chaleur.
Mais c'était aussi un lieu d'hébergement, un lieu d'éducation et d'hygiène
avec des bains et des salles de massage. Comme les bains grecs, les
thermes romains comprenaient une palestre, une piscine, des bains
chauds et des bains de vapeur. Ils comprenaient en outre de bains
froids et de bains tièdes.
Les gymnases grecs offraient enfin des espaces de discussion équipés
de bancs, ds salles de conférence, des jardins et des promenades qui
en faisaient un lieu intellectuel : comme nous le racontent les dialogues
de Platon, le philosophe Socrate aimait se rendre au gymnase pour
admirer les jeunes athlètes et discuter avec ses disciples.
Toutes ces activités sportives, culturelles, sociales, qui faisaient
l'unité de la culture grecque, sont aujourd'hui bien distinctes.
4.2.2 Les installations modernes : la spécialisation des bâtimentsLe gymnase grec était tout à la fois l'ancêtre de
notre gymnase, de nos centres d'entraînements les plus sophistiqués,
des installations sportives scolaires, des salles de «culture physique»,
des salles commerciales de fitness et de body-building,
des piscines. Aujourd'hui, en France, le terme de «gymnase» désigne
exclusivement une salle de sport. Il désigne le lycée en allemand.
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Cette distinction fonctionnelle entre les différents équipements est
particulièrement sensible en France. Longtemps au XXe
siècle, les bains-douches n'ont qu'une fonction sanitaire et les piscines,
une vocation éducative et de loisir. En revanche, dans les pays nordiques,
les bains de vapeur sèche (sauna) et, dans les pays arabes,
les bains de vapeur humide (hammam) allient fonction sanitaire
et source de délassement et de bien-être. Ce n'est qu'à la fin des
années 80 qu'apparaissent en France les «piscines sport-loisir». «Les gymnases et les thermes antiques constituent des archétypes d'espaces
destinés à la fois à l'entraînement de haut niveau et à des pratiques
de forme et de loisir, alors qu'aujourd'hui ces finalités sont trop
souvent considérées comme incompatibles.»(F. Vigneau, Les espaces
du sport, Que Sais-je ?, 1998) : d'un côté les athlètes recherchent
la performance grâce à un entraînement de fond extrêmement spécialisé,
de l'autre on recherche la beauté des corps, la santé et les activités
de loisirs dans des salles de fitness, les centres de soins (centre
de thalassothérapie,...) et des aires ludiques («Aquaboulevard» de
Paris,...). On peut s'interroger sur cette évolution marquée peut-être
par l'individualisme contemporain. |
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C'est le stade, aujourd'hui, qui tend à devenir un espace aux fonctions
multiples. 4.3 Les avatars du stade contemporain«Le stade semble constituer l'archétype originel de
l'équipement sportif. Historiquement il est associé aux Jeux olympiques
qui apparaissent dans l'imaginaire collectif comme le mythe fondateur
du sport.»(F. Vigneau) Mais l'équipement sportif que nous appelons
stade aujourd'hui évoque davantage les amphithéâtres romains que les
antiques stades grecs. Ainsi les stades contemporains sont le fruit d'un curieux métissage
entre ces deux archétypes : la piste du stade grec, archétype des
espaces destinés à la course, l'ellipse de l'amphithéâtre romain,
archétype des espaces destinés au combat. Selon les lieux et les époques,
le stade contemporain a emprunté tel ou tel caractère de ces deux
archétypes architecturaux, la combinaison de ces éléments donne aujourd'hui
une très grande diversité de bâtiments. 4.3.1 La forme de la piste : de la ligne à l'ellipse | |||||||||||||||||||||
La piste rectiligne«Le stade grec concrétise la codification de l'espace
de compétition». F. Vigneau entend par là que l'espace du stade est
mimétique de sa fonction. D'ailleurs, le terme stadion en grec
est la distance de la piste (600 fois le pied d'Héraclès) mais aussi
le nom de la compétition, la course du stade. | |||||||||||||||||||||
La conception du stade depuis l'Antiquité vise à favoriser la performance
des athlètes, comme le montre la progressive amélioration fonctionnelle
des blocs de départ et du revêtement de la piste :
La piste en ellipse allongéeF. Vigneau présente à juste titre comme une véritable
révolution l'introduction de la course du double stade en 724 avant
J.-C. qui contraint les athlètes à effectuer un virage autour d'un
piquet ou d'une borne. La piste rectiligne devient alors une piste
circulaire. D'espace fini par un étalon (le stadion), «la piste
devient un espace de course sur des distances pouvant être infinies.» L'archétype de ces pistes aux longues lignes droites et aux courbes
dangereusement serrées se développe avec l'hippodrome grec puis avec
le cirque romain. La séparation entre les lignes droites est alors
marquée par un long muret : la spina ou euripe. | |||||||||||||||||||||
Cet archétype est remis à l'honneur lors des premiers Jeux olympiques
modernes à Athènes, en 1896. L'architecte Anastasio Metaxas avait
conçu pour l'occasion un stade à l'antique. De manière que les athlètes ne soient pas trop freinés dans les virages,
les stades modernes présentent des virages plus longs, au rayon de
courbure plus grand. Les lignes droites sont plus courtes et plus
distantes l'une de l'autre. Ainsi la géométrie du stade, à l'origine rectiligne, s'est rapprochée
progressivement de l'ellipse de l'amphithéâtre. |
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L'ellipse de l'arèneLes amphithéâtres romains permettaient l'organisation de combats en tous genres : combats de gladiateurs, combats de bêtes féroces, combats navals... En effet, la forme d'ellipse permettait à tous les spectateurs de voir distinctement le spectacle qui aurait été trop confus dans un espace circulaire : chaque paire de gladiateurs pouvait se déplacer sur l'étendue de la longueur de la piste. | |||||||||||||||||||||
Cette
forme est tout particulièrement adaptéé aux sports d'équipes et à
l'athlétisme : les joueurs ou les athlètes peuvent se disperser sur
le terrain et les spectateurs peuvent regarder et comprendre les différentes
phases des jeux. En outre, une machinerie composée de monte-charges
et de trappes permettait de modifier la configuration de l'arène.
Lors des épreuves d'athlétisme, notamment aux Jeux olympiques, on
combine les deux formes du stade : la piste est le lieu des compétitions
de course (relais, 400 m, marathon...), le centre de la piste en forme
d'ellipse est le lieu des épreuves individuelles (saut en hauteur,
en longueur, à la perche, lancer de poids, du disque...). | |||||||||||||||||||||
4.3.2 Les tribunesLa forme et la localisation des tribunes correspond
également à des critères fonctionnels : concilier capacité et visibilité. La forme des tribunes
La localisation des tribunes | |||||||||||||||||||||
Autrefois on utilisait le relief naturel pour élever
les tribunes. Mais les tribunes à structure creuse, construites
ex nihilo, offraient une grande liberté dans leur conception
et permettent de donner une très bonne visibilité du
spectacle. Ainsi, au Colisée, le troisième et dernier niveau de
gradins était plus incliné que le niveau inférieur de 37°, soit
à peu près la pente maximale des stades et salles de sports modernes.
Ce profil à pente croissante est adopté par les stades contemporains
de grande capacité à une seule volée de gradins (sans balcon). Toutefois,
l'accroissement de la capacité est limité par l'éloignement des
spectateurs par rapport au terrain. Mais, à partir des années 40,
les progrès techniques et technologiques dans le domaine des matériaux
(en particulier le béton armé et l'acier) et des moyens de calcul
des structures permettent la réalisation de tribunes superposées.
Toutefois, le recouvrement d'une tribune ne peut pas être très profond
de manière à ménager une vue verticale suffisante au-dessus du terrain. |
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4.3.3 Le confort et la sécuritéLes sièges de spectacle | |||||||||||||||||||||
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La protection des intempéries
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Les services | |||||||||||||||||||||
les marchands et gargotiers des stades |
Les marchands ont toujours profité de l'attrait des
hauts lieux du sport. (les marchands et gargotiers des stades) Mais l'époque contemporaine voit se développer un phénomène nouveau
: la création de loges et de places privilégiées destinées aux plus
riches notamment en Amérique du Nord et en Europe. Les prestations
liées aux loges ne cessent de s'améliorer : vestiaire, salon, bar
et services de réception particuliers, moniteurs vidéo, accès et parcs
de stationnement souvent réservés ; même quand ces loges sont fermées,
une sonorisation permet de bénéficier de l'ambiance du stade. | ||||||||||||||||||||
4.3.4 la sécurité
4.4 Le stade de demain ?Longtemps la présence au stade ou dans une salle de
sports a constitué la seule façon de suivre un évènement sportif.
Mais deux phénomènes majeurs ont modifié le rôle du stade :
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Selon F. Vigeau, «Les motivations de la présence au stade ayant évolué,
on peut se demander quel est l'avenir du stade» : le stade serat-il
en effet un espace spécialement conçu pour les spectateurs les plus
riches, pour les spectateurs les plus fervants, pour un public familial
? «Construira-t-on des stades offrant des conditions de retransmission
télévisée optimales, le public ne servant qu'à créer une ambiance
en fond sonore ? Construira-t-on des stades polyvalents permettant
de multiplier les jours d'utilisation quelles que soient les manifestations,
sportives ou extra-sportives ?» On remarque que les stades les plus récents, inspirés du modèle du
Colisée sont polyvalents et leurs concepteurs cherchent à rentabiliser
leurs coûts de fonctionnement en les insérant le mieux possible dans
leur espace environnant. Le stade contemporain est moins le lieu du
sport que le lieu du spectacle en général. |
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