Rabelais propagea des doctrines d'Érasme et des grands pédagogues italiens du
siècle précédent en matière d'éducation. Il exposa avec humour ses théories
dans son Gargantua, qui raconte l'histoire d'un géant.
Au chapître 23, Grandgousier, le père de Gargantua, déçu par les précédents
maîtres de son fils, emploie Ponocrates (mot à mot, à partir du grec, le «dur
à la tâche»). Ponocrates reprend en mains les études de Gargantua. Il organise
ainsi sa journée : levé à quatre heures du matin, Gargantua s'occupe de son
corps et médite une page de la l'Écriture sainte ; puis vient l'étude... Voici
comment Rabelais décrit les jeux physiques du matin :
«... toujours conférant des propos de la lecture, et se déportaient en Bracque
(place de l'Estrapade où l'on jouait à la paume), ou dans les prés, et jouaient
à la balle, à la paume, à la pile trigone, galantement s'exerçant les corps
comme ils avaient auparavant les âmes exercées. Tout leur jeu n'était qu'en
liberté, car ils laissaient la partie quand leur plaisait et cessaient ordinairement
lorsque suaient parmi le corps ou étaient autrement las. Adonc étaient très
bien essuyés et frottés, changeaient de chemise et, doucement et promenant,
allaient voir si le dîner était prêt. »(Gargantua, chap. XXIII).
Cet emploi du temps repose sur l'équilibre entre diverses activités. En soignant
l'éducation physique de son élève comme son éducation littéraire, Ponocrates
affirme l'ambition des humanistes : accéder aux connaissances les plus variées
par soi-même, tout en respectant l'idéal chevaleresque. L'écuyer qui montre
l'art de la chevalerie à Gargantua porte symboliquement le nom de Gymnaste.
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