Les Jeux Romains avaient lieu en septembre. Au printemps, les jeunes Romains mobilisées étaient sortis de la ville et passés dans l'espace de Mars, le dieu de la guerre. Les Jeux servaient à réintégrer les soldats romains dans l'espace de la paix et à refaire d'eux des civils. Ils perpétuaient ainsi la tradition de la fondation de Rome par Remus et Romulus. Selon la légende, Romulus tua son frère qui avait franchi avec des armes la première enceinte de la Ville. Depuis, pénétrer dans la Ville avec des armes était considéré un sacrilège. | |
Les Jeux constituaient donc une forme de rite de purification. Celle-ci était
réalisée par une procession des soldats depuis le Capitole jusqu'au cirque.
(la pompa). C'est dans le cirque que les jeunes soldats se fondaient
à la foule et redevenaient des citoyens de Rome à part entière.
Cette procession avait aussi pour fonction d'installer le ludisme dans la ville : les tribunaux étaient fermés, le peuple ne pouvait se réunir, tout activité du pouvoir était bannie. La pompa promenait à travers la ville une sorte d'armée d'opérette qui ne s'arrêtait jamais de danser, les ludions et les acteurs du cirque : les cochers et les athlètes. On a interprété de diverses manières ce défilé étrange. Cette pompa ne comportait sans doute ni critique sociale, ni agression satirique. Les plaisirs ludiques étaient sans moralité. L'esthétique ludique visait simplement à offrir aux Romains une transposition symbolique des plaisirs de la guerre. Cf. Florence Dupont, «Le goût du cirque dans la Rome républicaine», Spectacula I. Gladiateurs et amphithéâtres, Paris, Imago, 1990, 316 p. |