On sait que le «sport national» des Romains est la course de chars et la gladiature,
quant à elle, comme spectacle, n'a duré que trois siècles. Pourtant, pour les
cinéastes, la gladiature est le stéréotype romain par excellence et «le Colisée
se doit d'avoir existé depuis les origines de la ville !»(Michel Eloy, «les
gladiateurs au cinéma», Spectacula I. Gladiateurs et amphithéâtres,
Paris, Imago, 1990, 316 p.). Le spectacle de l'amphithéâtre
mettant en scène des combattants musclés ou des martyrs, dévorés par les fauves,
l'a emporté sur les courses du Grand Cirque, même si Ben Hur restera toujours
dans les annales.
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Michel Eloy distingue deux images distinctes du gladiateur au cinéma :
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Á Hollywood, jusqu'à la fin des années 50, on réalise essentiellement des fims
inspirés des romans antico-chrétiens du moment.
Dans Quo Vadis (1951), on se souvient comment Ursus arrache sa jeune
protégée, Lygie, aux cornes d'un taureau. Dans ces films, les gladiateurs deviennent
instructeurs, gardes du corps ou milices privés. Ainsi, toujours dans Quo
Vadis, le gladiateur Croton égaye les banquets de Néron, puis il est engagé
aussi comme garde du corps de Marcus Vinicius (joué par Robert Taylor) et il
périt dans une lutte au corps à corps contre le solide et bon Ursus.
Ben-Hur gladiateur ?
La gladiature n'est guère présente dans le film de W. Wyler (1958). Pourtant
dans le roman de Wallace, on apprend que Ben-Hur ne fut pas seulement un cocher
de courses de chars, mais aussi un gladiateur réputé. Le film de W. Wyler a
sans doute omis ce détail scandaleux qui aurait terni l'image du héros chrétien.
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Mais de nombreux péplums italiens redorent le blason de la gladiature.
Les Romains, autrefois et sans doute aujourd'hui encore, considèrent la gladiature
comme un métier infâme. Mais tous les gladiateurs n'étaient pas méprisés et
les Romains visaient davantage le laniste qui les formait. C'est donc la virilité
et le courage de ces combattants qui sera mis en valeur dans les péplums de
Cinecittà : «paradoxalement (par opposition à l'athlète pacifique des jeux grecs)
ils exaltaient la virilité du gladiateur recevant la mort sans faiblesse.»(Michel
Eloy) Et, curieusement les combats de gladiateurs contaminent même les jeux
athlétiques grecs : on voit par exemple, Hercule en gladiateur dans l'amphithéâtre
de Mycènes (?) dans le triomphe d'Hercule.
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Dans les années 80, les gladiateurs reviennent partout sur nos écrans, comme
si la «réhabilitation italienne» avait tâche d'huile.
Mais, à l'exemple du mercenaire des western «spaghetti» des années 60-70, le
gladiateur n'est plus le brave Spartacus, mais un héros égoïste et opportuniste.
On voit, ainsi, cmment un siècle de péplums a véhiculé des idées reçues sur
la gladiature et a fait de la gladiature et des amphithéâtres la plus sûre caractéristique
de la civilisation romaine.
Cf. Michel Eloy, «les gladiateurs au cinéma», Spectacula I. Gladiateurs
et amphithéâtres, Paris, Imago, 1990, 316 p.
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